mardi 14 avril 2020

Littérature et Cinéma - Article N°2


Hey les Choupinous ! Je vais vous parler aujourd'hui de deux films japonais réputés pour être des pures chefs-d'oeuvre mais que je n'ai personnellement pas réussi à apprécier . Si on ajoute à cela le fait que je les ai visionné il y a un petit moment maintenant , j'ai un peu peur que mes avis dessus ne soient pas de super bonne qualité mais bon je vais quand même essayé de faire en sorte qu'ils ne soient pas complètement mauvais , haha >_< Dans tout les cas , je vous présente mes excuses à l'avance si jamais vous trouvez cet article moins bon que ceux habituels ou si vous êtes outrés de me voir critiquer un film que vous considérez intouchable ; mon humble avis n'engage évidemment que moi et Mayu aussi en fait puisqu'elle non plus n'a pas apprécié ce qu'elle a vu de ces deux films ^^"  , il n'a aucune valeur universel et ce n'est pas parce que je n'ai du tout adhéré à Shichinin no samurai que cela veut dire qu'il est forcément mauvais . Bon , maintenant que j'ai pris mes précautions pour éviter de me recevoir des pierres , allons y ! Yeah ! ...


Sommaire :

Article N°1 :
Fritz Lang, Man Hunt [Chasse à l’homme], E.-U., 1941. 
Jacques Tourneur, Cat people [La Féline], E.-U., 1942.

Article N°2 :

Kenji Mizoguchi, Sancho dayu [L’Intendant Sancho], Jap., 1954.
Akira Kurosawa, Shichinin no samurai [Les sept Samouraïs], Jap. 1954.

Article N°3 :

Clint Eastwood, Letters from Iwo Jima , E.-U., 2006.
Terrence Malick, The Thin Red Line [La Ligne rouge], E.-U., 1998.

Article N°4 :

Carl Theodor Dreyer, Vampyr, ou l'étrange aventure d'Allan Gray, Fr., All., 1932.
Max Ophüls, Madame de, Fr., 1953.
Elia Kazan, Splendor in the grass [La Fièvre dans le sang], E.-U., 1961.


Shichinin no samurai [Les sept Samouraïs]

Shichinin no samurai est le film que j'ai eu le plus de mal à terminer parmi tout ceux au programme de mon cours de Littérature et Cinéma , et ce pour plusieurs raisons . Tout d'abord , il est particulièrement long puisqu'il ne dure pas moins de trois heures vingt-sept O_O ! Et je l'ai trouvé d'autant plus long que , toutes les cinq minutes , je me disais "Mais... c'est nul ! >_<" et pourtant je suis extrêmement bon public . Il aura fallut plus de cinquante minutes de visionnage avant que l'ambiance ne devienne un peu plus sérieuse et l'histoire un peu plus intéressante , mais bon qu'est-ce que cinquante minutes dans un film de plus de trois heures , pas vrai ? Haha... >_< Enfin , je dis "plus de trois heures" , mais si on décompte le début qui consiste en du texte accompagné de musique et l'interlude musicale qui dure entre cinq et dix minutes (vers 1 H 47 de film) , peut être qu'il ne dure finalement "que" trois heures...

Bon , je commence fort mais Shichinin no samurai n'est évidemment pas un film "nul" sinon il ne serait pas considéré comme un chef d'oeuvre par autant de personnes . Il montre parfaitement bien la détresse des paysans qui n'en peuvent plus des guerres , des impôts et des bandits , en particulier dans la scène époustouflante où ils essayent de ramasser les quelques grains de riz parsemés sur le sol ; une version alimentaire de l'expression "un sou est un sou !" en quelque sorte . Il offre également une version très bestiale des hommes ; ils ne savent quasiment pas converser sans crier et faire des grimaces , dans la scène où le ronin apporte de la nourriture pour bébé , un personnage caché dans une cabane crie comme un monstre sauvage puis les villageois se réjouissent autour du corps mort d'un homme , quand un prisonnier est fait par les samouraïs , tout le village s'emporte et , lorsqu'ils se font attaquer , les villageois courent dans tous les sens tel du bétail apeuré ou des fourmis sortant d'une fourmilière en feu . Cette image bestiale et primitive de l'Homme est contrebalancée par la vision des samouraïs qui sont maître d'eux-même , civilisés et réfléchis . Néanmoins , un samouraï résiste à cette règle et son comportement se montre plus proche de celui des villageois que de celui de ses camarades , il s'agit de Mifune que je surnomme personnellement le "samouraï sauvage" . Mifune et les villageois courent partout , ils poussent des cris étranges , agissent sans réfléchir ; les acteurs qui les interprètent surjouent , abusent des grimaces , bref ils en font beaucoup et , à mes yeux , ils en font même trop . J'ai vraiment eu énormément de mal à supporter cette manière de jouer et c'est en grande partie à cause de cela que j'ai autant détesté regarder ce film . Car , oui , il faut bien l'avouer , j'ai passé un très mauvais moment devant Shichinin no samurai . Hormis ce surjeu horripilant , j'ai été perturbée par un petit détail : plusieurs acteurs semblent porter de faux cranes chauves (surtout dans la foule de paysans) et cela donne malheureusement un rendu assez "cheap" , fait à la va vite , au film , ce qui est d'autant plus dommage que le reste des costumes et des décors sont réalistes et de très bonne qualité . J'ai également trouvé la majorité des combats ridicules (les coups partent dans tous les sens et ne touchent clairement pas leur cible ; il faudra attendre plus de deux heure avant de voir une stratégie de combat naître enfin , c'est peut être réaliste mais c'est surtout long !) et la romance inintéressante (on respecte l'intimité du couple , on leur laisse de la discretion pour qu'ils se rapprochent loin des caméras mais à cause de cela on les voit peu et on s'attache donc difficilement à eux) voir même décevante (le garçon ne protege pas du tout sa copine de la colère de son père >_<) . Les quelques femmes présentes dans le film ne sont là que pour crier à l'aide , pleurer et se faire dominer , poursuivre et imposer des choix par les hommes , c'est donc peu de dire que l'action se déroule dans une ambiance machiste . Ce n'est pas un default du film , c'est très certainement l'époque (Sengoku) qui veut cela , mais ce n'est clairement pas l'ambiance la plus sympathique qui soit . Ici , tous les héros sont des hommes mais tous les hommes ne sont pas des héros qui vivent pour protéger la veuve et l'orphelin , certains refusent notamment d'aider les fermiers car il ne trouve pas cette mission assez glorieuse . Shichinin no samurai ouvre donc des questionnements intéressants sur la gloire , la peur , ainsi que sur la mort et ce qui vient possiblement après . J'ai apprécié cet aspect plus sérieux du film , tout comme j'ai aimé sa fin qui possède une certaine touche de cynisme ; après une bataille enfin finement organisée contre des bandits qui ont l'avantage d'avoir des mousquets , l'histoire se conclue sur la phrase positive "une nouvelle fois nous avons survécu" mais également sur celle plus ambiguë "nous avons perdu cette bataille , la victoire revient aux paysans" , puis , sur fond de musique , deux plans sont mis en valeur : le premier montre les gens qui travaillent de nouveau dans les champs et le second , les tombes des samouraïs . Malgré une victoire bien méritée , la dureté de la vie est restée la même ; les gens risquent leur vie au combat pour obtenir la possibilité de continuer une vie modeste et non pas pour obtenir des richesses ou des terres supplémentaires , le riz est toujours une denrée précieuse , le confort est toujours moindre dans les habitations , les conditions de vie sont toujours rudes...
Si le fond m'a donc plus facilement convaincu que la forme , il y a tout de même un aspect de cette dernière que j'ai apprécié et il s'agit de la photographie . Plusieurs plans sont vraiment très bien choisis et particulièrement esthétiques ; j'ai personnellement trouvé de nombreux paysages très jolis et j'ai adoré toutes les scènes se déroulant dans les champs de fleurs . ^o^

Conclusion : Shichinin no samurai met en scène un mélange de détresse (pauvreté et ras le bol des fermiers) , de violence (guerre , disputes) et de ridicule (le surjeu , les grimaces et mimiques faciales exagérées , les intonations de voix) ; malheureusement ce dernier point est la raison pour laquelle je n'ai pas réussi à apprécier ce film . Les magnifiques champs de fleurs et le dur réalisme de l'époque Sengoku-jidai n'auront pas suffit à me faire oublier les cris à outrance des acteurs . Alors oui , Shichinin no samurai est considéré comme un pure chef-d'oeuvre , et oui la majorité des gens semblent lui attribuer un 9/10 voir carrément une note parfaite , mais cela ne veut pas pour autant dire que l'on passera forcément un bon moment en le regardant , j'en suis la preuve vivante enfin vivante jusqu'à ce que les fans hardcore tombent sur mon avis et décident de me jeter des pierres dans la mouille , haha... >_< ...





Sanshō dayū [L’Intendant Sancho]

Sanshō dayū est un film japonnais qui , tout comme Shichinin no samurai , est sorti en 1954 . Ils partagent donc des thèmes communs et des scènes similaires (la famine , les taxes sur le riz , les histoires de bandits et de vendeurs d'esclaves , la foule de paysans qui s'emporte , la notion de survie qui prime sur celle de vie , etc.) mais les abordent de manière totalement différentes . Si j'ai reproché à Shichinin no samurai sa tendance à basculer facilement dans le surjeu et le ridicule , c'est à cause de son aspect "plombant" que j'ai eu du mal à apprécier Sanshō dayū . Ceci étant dit , je dois reconnaître que , bien qu'il est loin d'être divertissant , ce film est de si bonne qualité qu'il en est marquant .

Tout débute avec la fuite d'une femme accompagnée de ses deux enfants et de sa vieille servante , ce qui donne lieu à un très joli plan dans les hautes herbes (ou les fleurs) . Néanmoins , ce petit groupe va rapidement se retrouver séparé à la suite d'une scène tragique sublimée par son accompagnement musical dissonant , désagréable , primitif et semblable au cri déchirant de cette famille séparée ; un morceau de flute que j'ai donc détesté écouter mais qui est , il faut bien l'avouer , totalement approprié à l'action qu'il accompagne . A partir de là , on perd de vu la mère et on se concentre sur le cruel destin de ses enfants qui vont devoir travailler pour un maître malveillant , pour un tyran . La vie rude et injuste des serviteurs est bien montrée et on est évidemment outré en voyant des enfants , des personnes âgées et des malades devoir travailler sans relâche en espérant qu'une douce mort viendra enfin les libérer . Les scènes de punissions sont également difficiles à regarder : coups de baton , tendons coupés pour ne pas pouvoir s'enfuir , brûlures au fer même sur des femmes et des personnes de 70 ans... ; c'est révoltant , écœurant !
Après une ellipse d'une dizaine d'années , on retrouve nos deux enfants devenus jeunes adultes . La petite fille a laissé place à une jeune demoiselle courageuse , pleine d'empathie et qui possède un fort sens du sacrifice . Son frère , quant à lui , a malheureusement été influencé par ses conditions de vie difficiles , il a apprit dans la douleur que ceux qui possèdent le pouvoir , que ceux qui parviennent à survivre tout simplement , sont ceux qui se montrent cruels , égoïstes et violents , il s'est donc endurci au fil des années jusqu'à devenir lui même l'un des monstres qui frappent et humilient les gens les plus faibles au lieu de les aider et de les protéger . Heureusement son histoire ne s'arrête pas là , en fait elle ne fait que commencer . En s'accrochant à l'espoir de retrouver sa mère , pourtant peut être déjà morte , ce jeune homme abîmé va se lancer dans un voyage au bout duquel il choisira de se battre contre des idées politiques qu'il exècre , de lutter pour faire changer les choses , pour rendre les hommes libres et égaux , pour interdire l'esclavage... 

Ai-je aimé Sanshō dayū ? La réponse est non . Ce film dure 2h05 et , comme il est assez lent et que l'ambiance est suuuuper pesante , je les ai vraiment senti passer >_< ! Mais est-ce que je trouve que Sanshō dayū est un bon film ? Oui . Le jeu d'acteur est convainquant , les décors et les costumes sont de qualité , la réalisation est extrêmement soignée , tout est totalement maîtrisé , que ce soit la musique , les plans de caméras , les transitions entre les différentes scènes... Techniquement , c'est magnifique ! J'ai particulièrement été marquée par la scène du suicide (la disparition dans l'eau donne une impression d'avancée vers un autre monde et laisse donc un sentiment d'intemporalité plutôt que de fin nette) , la scène où la mère vieillie et affaiblie continue de chanter sa triste chanson malgré le peu de force qu'elle possède encore (peut importe la distance , la douleur , la dureté de la vie , l'amour véritable reste immortel ! ^o^) et la scène de retrouvailles finales (le désespoir de ne pas être reconnu dans un premier temps puis la reconnaissance grâce à un objet d'enfance) .

Conclusion : Une photographie et une maîtrise du montage absolument sublime , une bande son dissonante mais à l'utilisation intelligente , une histoire intense et poignante , des personnages bien écrits , un cri de révolte puissant... Un film excellent mais que je n'ai malheureusement pas réussi à apprécier pleinement (du coup j'ai l'impression que mon avis est franchement moyen et mes idées mal agencées , désolée les choupinous ! T_T) ; c'est triste mais c'est comme ça , parfois on devient accro à des séries clairement mauvaises et on passe à coté de potentiel chef-d'oeuvres , on ne choisit pas toujours ce que l'on aime .



Annyeong  ~



Have fun , Emi-chan <3

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